L'armée égyptienne s'engage à ne pas garder le pouvoir

Publié le par sullilaeti

Le conseil suprême des forces armées égyptiennes, qui exerce le pouvoir depuis la démission de Hosni Moubarak, a annoncé samedi que son objectif était de rendre le pouvoir à un gouvernement civil et il a assuré que le pays respecterait tous ses traités internationaux, un engagement de nature à rassurer Israel et les Etats-Unis.

Au Caire, les organisateurs des manifestations ont promis d'occuper la place Tahrir, épicentre de la révolution, jusqu'à ce que le Conseil suprême des forces armées accepte leur programme de réformes démocratiques.

Dans tout le Proche-Orient, les régimes autoritaires s'inquiètent pour leur survie face à l'onde de choc contestataire qui se propage.

"La République arabe d'Egypte est liée par tous ses obligations et traités régionaux et internationaux", a déclaré un officier dans un communiqué lu à la télévision.

Le message visait à l'évidence à rassurer Israël avec lequel l'Egypte est le premier pays arabe à avoir conclu un traité de paix, en 1979.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a salué cette déclaration.

L'armée égyptienne a par ailleurs garanti "une transition pacifique du pouvoir dans le cadre d'un système libre et démocratique qui permettra à un pouvoir civil issu d'élections de gouverner le pays afin d'édifier un Etat démocratique et libre".

Les Frères musulmans ont réagi à cette déclaration en assurant qu'ils ne cherchaient pas le pouvoir et ils ont rendu hommage aux nouveaux dirigeants militaires pour leur promesse de remettre le pouvoir aux civils.

MINISTRES ASSIGNES A RESIDENCE

Sur la place Tahrir, la foule a célébré la démission de Moubarak tandis que les organisateurs exhortaient l'armée à donner suite à leurs revendications, notamment la dissolution du Parlement et la levée de la loi d'urgence en vigueur depuis trente ans et utilisée par Moubarak pour réprimer l'opposition.

"L'armée est avec nous, mais elle doit maintenant accéder à nos revendications. Des demi-révolutions tuent les nations", a dit à Reuters Ghada Elmasalmy, un pharmacien de 43 ans. "Désormais, chaque fois qu'il y aura une injustice, nous viendrons place Tahrir."

Reste à savoir dans quel délai l'armée est prête à transférer le pouvoir à des civils. Le Conseil suprême des forces armées n'a donné aucune précision sur ce point.

L'onde de choc des événements en Egypte s'est répandue à l'étranger.

A Sanaa, une manifestation de 2.000 personnes a été dispersée par des contre-manifestants pro-gouvernementaux armés de couteaux et de gourdins.

En Algérie, des milliers de policiers ont empêché des opposants au gouvernement de manifester.

Moubarak, âgé de 82 ans, séjournerait dans sa résidence de Charm el Cheikh, sur la mer Rouge.

Les nouvelles autorités ont annoncé l'ouverture d'une enquête sur les anciens Premier ministre et ministre de l'Intérieur et sur le ministre de l'Information, a rapporté la télévision publique.

Elle a ajouté que les anciens Premier ministre, Ahmed Nazif, et ministre de l'Intérieur, Habib al Adli, tous deux limogés par Moubarak avant sa démission, s'étaient vu interdire de quitter le pays. Le ministre de l'Information, Anas el Fekky, qui fait partie du nouveau gouvernement mis en place sous la pression des manifestations, fait l'objet d'une mesure similaire.

VIGILANCE DES MANIFESTANTS

Selon la chaîne de télévision Al Arabiya, l'armée devrait prochainement limoger le gouvernement et suspendre le Parlement. Le président de la Cour constitutionnelle devrait rejoindre le Conseil suprême qui a pour charge de gouverner le pays.

La vigilance des manifestants qui se sont mobilisés contre Moubarak pourrait constituer la principale force de dissuasion contre toute tentative des militaires de se maintenir au pouvoir.

L'une des priorités est de rétablir l'ordre avant le début de la semaine de travail, dimanche. Des chars et des soldats ont gardé les principaux bâtiments et carrefours depuis que la police, accusée de brutalités, s'est retirée des rues.

"Ceci est le début de la révolution, ce n'est pas encore terminé, mais je dois retourner au travail", dit Mohammed Saïd, 30 ans, en repliant sa tente sur la place Tahrir.

Mohammed Farrag, qui se prépare lui aussi à partir, croit au retour de la stabilité. "Mais nous ne céderons pas sur le fait que nous voulons un Etat civil, pas militaire", ajoute-t-il.

Beaucoup réclament la levée immédiate des lois d'urgence.

Le "Communiqué populaire N° 1" publié par les organisateurs réclame la dissolution du gouvernement Moubarak nommé le 29 janvier et du Parlement élu à la fin de l'an dernier lors d'un scrutin entaché de fraudes.

Certains organisateurs ont formé un Conseil de surveillance pour défendre la révolution et négocier avec les militaires. Ce conseil sera habilité à appeler à des manifestations ou à les annuler en fonction des développements de la situation.

Le Conseil de surveillance a l'intention d'appeler à une grande manifestation vendredi prochain pour célébrer la révolution.

Il prône la mise en place d'un conseil présidentiel de transition de cinq membres constitué de quatre civils et d'un militaire.

Le communiqué réclame la formation d'un gouvernement provisoire pour préparer des élections dans un délai de neuf mois et une instance pour élaborer une nouvelle Constitution démocratique.

Source: Reuters

Publié dans Actualité

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